La Turquie et Israël à la table des négociations sur la Syrie

Le président turc Erdoğan rencontrant le premier ministre israélien Netanyahou en marge de la 78e Assemblée générale des Nations unies au siège de l’ONU à New York, le 19 septembre 2023. (image présidence turque/AFP via orientxxi.info)

Le 7 avril, après plusieurs jours de tensions accrues entre la Turquie et Israël au sujet de la présence militaire turque en Syrie, le président américain Donald Trump a exprimé, lors d’une rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sa volonté d’agir en médiateur afin d’apaiser les tensions entre la Turquie et Israël. Trump a insisté sur la nécessité pour les deux parties d’adopter une approche raisonnée et équilibrée afin de parvenir à une solution durable.

Le président américain, évoquant ses excellentes relations personnelles avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan, a souligné le rôle significatif joué par ce dernier dans la situation syrienne, notamment en contribuant à l’éviction du gouvernement de Bachar al-Assad.

Ces déclarations sont intervenues après plusieurs échanges critiques entre Ankara et Tel Aviv : Israël accusant la Turquie de chercher à étendre son influence stratégique en Syrie, tandis que la Turquie reprochait à Israël de provoquer volontairement l’instabilité régionale en menant des opérations militaires controversées.

Premiers pourparlers techniques en Azerbaïdjan

Malgré les tensions persistantes, des pourparlers techniques entre responsables turcs et israéliens ont débuté début avril à Bakou, en Azerbaïdjan, afin d’établir un mécanisme de désescalade et de prévenir tout incident militaire imprévu sur le territoire syrien. Bien que cette première rencontre n’ait pas abouti immédiatement à un accord précis, elle représente néanmoins un signe positif d’ouverture diplomatique entre les deux pays, et les négociations devraient reprendre après la période des vacances de Pâques.

Selon des sources officielles turques, Ankara intervient en Syrie à la demande expresse du nouveau gouvernement syrien afin de renforcer la sécurité et lutter efficacement contre des organisations terroristes, en particulier l’État islamique. Le ministère turc de la Défense a fermement réfuté les accusations israéliennes d’ambitions expansionnistes, insistant sur le respect strict du droit international dans toutes ses opérations militaires.

Ankara envisage notamment la création d’une base d’entraînement militaire sur le sol syrien, affirmant que cette initiative vise uniquement à préserver l’intégrité territoriale et à renforcer la stabilité régionale. Les autorités turques ont également précisé que leurs forces armées n’étaient une menace pour aucun État, à condition de ne pas subir de menaces elles-mêmes.

Préoccupations sécuritaires israéliennes

Israël reste profondément inquiet face à l’éventualité d’une implantation militaire turque permanente en Syrie, considérée comme une menace directe à sa sécurité nationale. Israël a ainsi appelé la Turquie à réviser sérieusement ses ambitions régionales et militaires, estimant que toute tentative d’établir une présence significative dans des régions stratégiques de Syrie constituerait une ligne rouge absolue.

Selon Amer al-Sabaileh, expert du Stimson Center à Washington DC, la tenue de ces discussions, bien que préliminaires, marque déjà une avancée notable dans les relations turco-israéliennes. Washington, jouant un rôle clé de médiation, a clairement exprimé sa volonté de prévenir toute confrontation directe et insiste pour que les deux pays s’engagent dans un dialogue constructif et mesuré.

Conséquences du retrait américain de Syrie

Par ailleurs, selon Gallia Lindenstrauss, experte au sein de l’Institute for National Security Studies (INSS), les États-Unis encouragent Israël à adopter une position pragmatique en Syrie, focalisée sur des préoccupations essentielles, telles que le blocage du transfert d’armes iraniennes vers le Hezbollah.

L’administration américaine entend ainsi limiter les tensions régionales et favoriser une entente pacifique entre les différents acteurs présents en Syrie.

Toutefois, Israël demeure préoccupé par les conséquences sécuritaires du retrait progressif des troupes américaines de Syrie, craignant que cette décision n’encourage davantage les ambitions militaires turques dans la région. Pour contrecarrer ces risques, Israël est encouragé à consolider ses alliances régionales avec des pays arabes sunnites modérés, tels que l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis, afin de prévenir efficacement toute confrontation directe future avec la Turquie et assurer durablement sa sécurité nationale.

Cet article a été traduit et édité par Syria Intelligence. La version originale de cet article a été publiée le 20 avril 2025 sur enabbaladi.net en arabe « https://www.enabbaladi.net/749995 ».

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