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La Syrie invite la Chine à se joindre aux efforts de reconstruction d’après-guerre

L’ambassadeur syrien en poste à Pékin déclare que le régime syrien se dit ouvert à des échanges « pétrole contre prêts » ou des transactions libellées en Yuan alors qu’il cherche à attirer des entreprises.

La Syrie demande à la Chine d’aider à la reconstruction de la nation après la guerre, a déclaré son ambassadeur à Pékin, alors que le gouvernement syrien consolide son emprise sur les parties du pays qu’il contrôle après la chute de différents fiefs de l’État islamique. L’ambassadeur Imad Moustapha a déclaré que la Syrie essayait de séduire les investisseurs étrangers pour se joindre aux efforts massifs nécessaires à la reconstruction et qu’elle envisageait de donner du pétrole syrien aux entreprises chinoises en échange de prêts. Elle envisage également de régler les transactions en Yuan.

« Nous voulons que des pays comme la Russie, la Chine, l’Inde et l’Iran viennent participer à la reconstruction. Nous n’allons pas accueillir les pays qui ont participé à la guerre en Syrie et qui souhaiteraient participer à la reconstruction », a dit l’envoyé, se référant aux Etats-Unis et à la Turquie qui ont soutenu certaines forces anti-gouvernementales.

Le président iranien Hassan Rohani, allié du gouvernement de Bachar al-Assad à Damas, a déclaré mardi à la télévision d’Etat que l’Etat islamique avait été vaincu. Mais des inquiétudes subsistent quant à la possibilité que le conflit se poursuive pendant de nombreuses années.

Le régime Assad a menacé d’attaquer les « forces démocratiques syriennes » (FDS) dirigées par les Kurdes pour placer le nord-est du pays sous son contrôle, tandis que des combattants liés à Al-Qaïda sont également présents dans la province d’Idlib au nord-ouest et que l’opposition exige toujours le retrait d’Assad.

Le régime Assad a été mis au ban par les grandes puissances occidentales depuis le début des combats il y a six ans, avec des allégations d’utilisation d’armes chimiques contre des civils.

Le gouvernement s’est tourné vers des alliés, y compris la Russie, pour obtenir du soutien. Mercredi, le président Assad a même remercié son homologue russe Vladimir Poutine pour avoir « sauvé » son pays.

La Chine n’a pas déployé de forces militaires en Syrie, mais elle a opposé son veto à des résolutions hostiles de l’ONU aux côtés de Moscou.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a également déclaré vendredi à Bouthaina Shaaban, une représentante du président Assad, que la Chine soutiendrait les plans de reconstruction de la Syrie.

Imad Moustapha, qui a été ambassadeur de Syrie aux États-Unis jusqu’en 2011, a déclaré que les entreprises chinoises avaient montré un « grand » intérêt concernant les opportunités d’affaires dans le pays, et qu’il recevait maintenant des délégations et des visites de grandes entreprises chinoises « presque quotidiennement ».

« La plupart d’entre eux sont en train de se préparer à ouvrir des bureaux de représentation à Damas et dans d’autres villes syriennes, envoyant des équipes en amont afin de rencontrer les milieux d’affaires et les agences gouvernementales en Syrie et rendre compte à leurs supérieurs. Certains ont déjà signé des contrats et d’autres sont en train de signer des contrats. »

Mais le coût de la reconstruction en Syrie pourrait être énorme – la Banque mondiale a estimé qu’elle pourrait s’élever à environ 200 milliards de dollars US – et il n’est pas clair qui serait prêt à payer la facture étant donné que le gouvernement Assad fait toujours face aux sanctions européennes et américaines.

Pour mieux financer les efforts de reconstruction, Moustapha a déclaré que le gouvernement syrien était ouvert à toutes les offres étant dans son intérêt, y compris les accords « pétrole contre prêts » ou même des accords commerciaux et d’investissement en yuan, ce qui l’aiderait à contourner la domination américaine dans le système de monétaire mondial. « Nous sommes très ouverts à de telles suggestions [pétrole contre prêts] de la part des différentes sociétés chinoises. Ils ont discuté qu’ils peuvent avoir quelque chose comme l’agglomération – plusieurs entreprises chinoises dans différentes régions. Ils feront quelque chose en partenariat…. C’est quelque chose que nous sommes prêts à envisager. »

Moustapha a également déclaré que la Chine et la Syrie échangeaient des renseignements puisque environ 5 000 militants chinois, pour la plupart des Ouïgours de la province occidentale du Xinjiang, auraient été formés en Syrie.

La guerre de six ans en Syrie a tué plus de 465 000 personnes et déplacé plus de 12 millions de personnes, provoquant une crise de réfugiés.

Moustapha a déclaré que la Chine avait le pouvoir économique d’aider la Syrie, mais que Pékin n’avait pas besoin de proposer d’accueillir des réfugiés syriens. « Aider les réfugiés syriens… à réparer leurs maisons, au lieu de dépenser de l’argent pour les amener en Chine serait la meilleure façon d’y parvenir », a déclaré l’ambassadeur. « Payer la même somme d’argent pour leur permettre de rentrer chez eux et de vivre heureux dans leur propre pays. Je pense que c’est logique et plus humain. »

Raffaello Pantucci, directeur des études de sécurité internationale au Royal United Services Institute de Londres, a déclaré qu’il ne voyait pas la fin de la guerre et que les investissements chinois en Syrie étaient confrontés à de nombreux défis.

« L’intérêt financier en Syrie [pour la Chine] est assez limité », a dit M. Pantucci, ajoutant qu’avant le conflit, la Chine investissait dans de petits contrats de télécommunications et d’énergie. « Même si le gouvernement chinois disait aux entreprises d’État où elles devaient aller et investir, les entreprises devraient quand même s’y rendre…. Et cela représente potentiellement un gaspillage d’argent mais cela comporte aussi des risques élevés liés à la sécurité. »

Kamal Alam, chercheur invité à l’Institut de Londres, s’attend lui aussi à ce que le conflit se poursuive en Syrie et déclare que l’intérêt de la Chine pour la Syrie revêt une forte dimension sécuritaire en raison du nombre de combattants ouïgours dans le pays. « La Chine est l’une des rares options les plus solides dont dispose la Syrie, avec les pays du BRICS », a-t-il dit, faisant référence aux investissements indiens et sud-africains.

« Si la Chine peut stabiliser la Syrie, elle aidera également ses autres investissements dans la région, en particulier en Irak, où ils sont bien plus conséquents…. et ce, en achetant du pétrole irakien ».

Cet article a été traduit et édité par Syria Intelligence (South China Morning Post, par Laura Zhou, le 25 nov. 2017)

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