Abou Mohammed al-Jolani, commandant en chef du groupe jihadiste Hay’at Tahrir al-Cham (HTC), a déclaré apporter son soutien à l’offensive miltaire turque en préparation visant à chasser les Forces démocratiques syriennes des régions à l’est de l’Euphrate, dans une interview publiée le lundi 14 janvier par l’agence Amjad Media, affiliée à HTC. Il a également appelé à la création d’un corps militaire unifié intégrant toutes les factions rebelles présentes dans la région d’Idlib.
« Nous sommes d’accord avec l’approche turque visant à libérer l’est de l’Euphrate », a déclaré al-Jolani dans une interview accordée à l’agence Amjad Media et publiée aujourd’hui, lundi 14 janvier.
Al-Jolani a poursuivi : « Le Parti des travailleurs du Kurdistan (ndlr, PKK pour désigner le YPG syrien) est un ennemi de la révolution, et il s’est emparé de zones habitées par un grand nombre de sunnites arabes. Nous pensons qu’il est nécessaire de chasser ce groupe ». Le gouvernement turc continue de menacer d’envahir le nord-est syrien sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes soutenues par les Etats-Unis.
« Nous ne pouvons pas nous opposer à une telle opération », a-t-il souligné.
« Nous faisons partie de la révolution syrienne et nous ne voulons pas resserrer notre emprise sur le cou des Syriens, mais nous sommes attachés à la voie à suivre en vertu des préceptes islamiques », a-t-il ajouté.
Création d’un Conseil militaire unifié à Idlib
Abou Mohammed al-Jolani a également appelé à la création d’un corps militaire unifié dans le gouvernorat d’Idlib qui intégrerait toutes les formations militaires.
« En attendant, l’étape essentielle à accomplir est que la mission des factions armées ne soit que militaire, et loin de la gestion des villes ». Il a ajouté : « Nous devrions nous réunir sous l’égide d’un conseil militaire ou d’une entité militaire, à travers laquelle nous pouvons défendre les zones libérées ».
« Nous cherchons à impliquer tout le monde dans l’administration, qui doit être dirigée par des académiciens de haut niveau, issus de divers domaines, comme la médecine ou d’autres domaines », a-t-il déclaré.
Hay’at Tahrir al-Sham avait lancé une opération militaire face au Front national de libération du 1er janvier jusqu’à la signature d’un accord de cessez-le-feu le 10 janvier effectif dans toutes les zones sous leur contrôle. Cette offensive a permis à Hay’at Tahrir al-Cham de s’emparer de la plupart des villes et villages dans les gouvernorats d’Idlib, de Hama et de l’ouest d’Alep et ainsi consolider ses positions dans ces régions.
L’opération a forcé le front national de libération soutenu par la Turquie à accepter un accord de cessez-le-feu reconnaissant le contrôle civil par une administration appelée le « gouvernement du Salut » soutenu par HTC dans toute la région d’Idlib. Elle a forcé le puissant groupe rebelle Ahrar al-Cham présent sur les plaines du Ghab à se dissoudre et a chassé le mouvement Nour al-Din al-Zenki de l’ouest d’Alep vers les zones sous contrôle de « l’armée nationale » dans la région d’Afrin.
La montée en puissance de Hay’at Tahrir al-Cham dans la région a incité la Turquie à craindre que les dernières avancées ne donnent aux forces armées syriennes et à la Russie le prétexte nécessaire pour revenir sur l’accord de cessez-le-feu conclu entre la Turquie et la Russie à Sotchi le 17 septembre dernier.