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Israël apporte une aide secrète aux rebelles syriens

Les combattants rebelles à proximité du plateau du Golan en Syrie reçoivent de l’argent et une aide humanitaire.

Depuis des années, Israël fournit régulièrement aux rebelles syriens près de sa frontière de l’argent liquide ainsi que de la nourriture, du carburant et des fournitures médicales, un engagement secret dans la guerre civile du pays ennemi qui vise à créer une zone tampon peuplée par des forces amies.

L’armée israélienne communique régulièrement avec les groupes rebelles et son soutien comprend des paiements à des commandants qui aident à payer les salaires des combattants et à acheter des munitions et des armes, d’après des entretiens menés avec des combattants syriens. Israël a constitué une unité militaire qui supervise le soutien en Syrie – un pays avec lequel il est en état de guerre depuis des décennies – et a créé un budget spécifique à cet effet.

Israël a reconnu avoir soigné quelque 3 000 syriens blessés, dont beaucoup de combattants, dans ses hôpitaux depuis 2013 et fourni une aide humanitaire, comme de la nourriture et des vêtements, aux civils près de la frontière durant l’hiver. Mais des entretiens avec des rebelles et des personnes familières avec la stratégie militaire israélienne révèlent que l’implication du pays est beaucoup plus profonde et coordonnée qu’on ne le savait auparavant et qu’il implique le financement direct de combattants de l’opposition près de sa frontière depuis des années. « Israël s’est tenu à nos côtés de manière héroïque », a déclaré Moatasem al-Golani, porte-parole du groupe rebelle Fursan al-Joulan (Chevaliers du Golan). « Nous n’aurions pas survécu sans l’aide d’Israël. »

L’objectif d’Israël est de garder les combattants soutenus par l’Iran alliés au régime syrien, comme le groupe libanais du Hezbollah, loin de la frontière sur le plateau du Golan.

Mais le soutien d’Israël aux rebelles risque d’exacerber les tensions avec le gouvernement du président Bachar al-Assad, qui accuse depuis longtemps Israël d’aider les groupes rebelles. M. Assad a déclaré qu’Israël soutenait les groupes rebelles et lançait des frappes aériennes en territoire syrien afin d’affaiblir son emprise sur le pouvoir. Israël déclare ne privilégier aucun scénario dans cette guerre.

Israël a capturé une partie du plateau du Golan en Syrie pendant la guerre de 1967 et l’a annexée plus tard (annexion toujours non reconnue par la communauté internationale).

La menace d’une présence permanente des forces iraniennes et du Hezbollah du côté syrien du plateau stratégique pourrait entraîner l’armée israélienne dans un conflit qu’elle a observé avec prudence, mais dont elle s’est surtout tenue à l’écart depuis 2011. Les responsables israéliens n’ont pas exclu une telle escalade d’autant qu’ils entretiennent d’autres alliances avec les États arabes contre leur ennemi commun, l’Iran.

Le commandant de Fursan al-Joulan, surnommé Abu Suhayb, affirme que son groupe reçoit environ 5 000 dollars par mois d’Israël. Son groupe n’est pas lié à l’armée syrienne libre (ASL) soutenue par l’Occident et ne reçoit pas de fonds ou d’armes de l’Occident.

Le bureau du Premier ministre israélien a renvoyé les questions à l’armée israélienne qui n’a pas répondu aux demandes pour savoir si elle envoyait de l’argent liquide aux commandants rebelles de la région du Golan ou si elle traitait directement avec eux. Elle a seulement déclaré que l’armée était « engagée à sécuriser les frontières d’Israël et à empêcher l’établissement de cellules terroristes et de forces hostiles… en plus de fournir une aide humanitaire aux Syriens vivant dans la région ».

Une personne interrogée qui connaît bien la politique d’aide fournie par Israël a confirmé que l’argent liquide traversait la frontière, mais qu’il était également utilisé à des fins humanitaires. Cependant, les rebelles interrogés ont déclaré qu’ils utilisaient l’argent liquide pour payer les salaires des combattants et acheter des armes et des munitions, ce que l’armée israélienne n’a pas voulu commenter.

L’Iran et le Hezbollah ont joué un rôle majeur dans le soutien des forces de M. Assad. Cette aide ainsi que l’intervention militaire significative de la Russie a donné au régime l’avantage dans cette guerre protéiforme. Compte tenu de l’influence iranienne dans cette guerre, Israël craint maintenant l’établissement d’un corridor entre la Syrie et en Irak qui pourrait être utilisé pour transporter des armes vers des bases militaires dans le sud du Liban et du côté syrien du Golan. Les responsables israéliens ont accusé à plusieurs reprises le régime syrien et ses alliés iraniens et chiites de planifier des attaques contre Israël à partir de la partie syrienne du Golan mais ont fait savoir que les rebelles de cette région n’avaient jamais essayé d’attaquer.

Un groupé affilié à l’État islamique s’est également emparé d’une poche à l’extrême sud du Golan syrien et se heurte parfois aux rebelles. Ses combattants ont échangé des tirs avec les forces israéliennes l’année dernière. L’armée israélienne est parfois intervenue dans la guerre de Syrie en lançant des frappes aériennes pour arrêter des livraisons d’armes iraniennes suspectées d’être à destination du Hezbollah au Liban. Cet effort visant à créer une zone tampon en Syrie rappelle un autre plan israélien visant à protéger sa frontière nord en délimitant une zone dite de sécurité dans le sud du Liban pendant la guerre civile entre les années 1970 et 1980. Connu sous le nom de la politique de « bonne clôture » (« good fence policy »), elle avait précédé une invasion israélienne du Sud-Liban en 1982 qui a contribué à la naissance du Hezbollah, qui a combattu les Israéliens jusqu’à leur retrait en 2000.

Israël a surnommé l’opération dans le Golan « La politique du bon voisinage », selon Ehud Ya’ari, chercheur au Washington Institute qui analyse la politique israélienne. Elle a commencé sous la direction de l’ancien ministre de la Défense Moshe Ya’alon et s’est poursuivie sous la direction de son successeur, Avigdor Lieberman. « C’est une question d’intérêts, Israël offre un soutien humanitaire et obtient en retour une zone tampon de milices locales qui se défendent ».

Fursan al-Joulan est le principal groupe rebelle en coordination avec Israël. Il a pris contact pour la première fois avec l’armée israélienne en 2013 et Israël a rapidement commencé à envoyer de l’argent et d’autres formes d’aide selon ses combattants. Le groupe venait de lancer une offensive contre les forces du régime dans le sud-ouest de la province de Quneitra, qui englobe le côté syrien du Golan, selon le porte-parole, M. Golani, qui utilise un nom de guerre. Les combattants transportaient les camarades blessés jusqu’à un poste frontière où ils étaient accueillis par des soldats israéliens parlant arabe. Les proches des blessés plaidaient pour obtenir de l’aide et des ambulances sont rapidement arrivées pour transporter les blessés vers les hôpitaux israéliens. Ce moment a été un tournant qui a ouvert un canal de communication entre Israël et la faction modérée des combattants de l’opposition.

Selon le commandant Abu Suhayb et d’autres rebelles, le groupe Fursan al-Joulan basé dans la province de Quneitra compte environ 400 combattants alliés avec quatre autres groupes rebelles sur le Golan qui reçoivent également de l’aide israélienne. Certains de ces autres groupes sont affiliés à l’armée syrienne libre ou reçoivent d’autres fonds et armes provenant de l’occident.

Au total, il y a environ 800 combattants rebelles dans plus d’une douzaine de villages de cette région, où vivent des milliers de civils, selon les combattants. Beaucoup de rebelles et de civils dans cette région dépendent du soutien israélien. « La plupart des gens veulent coopérer avec Israël », a déclaré un combattant du groupe rebelle Liwaa Ousoud al-Rahman, qui se bat également sur le Golan.

Cet article a été traduit et édité par Syria Intelligence (Wall Street Journal, par Rory Jones, le 18 juin 2017)

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